Qu'est-ce que l'endométriose ?
Disclaimer: cette vidéo n'est pas produite par TME. Nous sommes en train de réaliser notre propre vidéo, mais pour le moment, celle-ci nous semble être la plus accessible pour comprendre les menstruations.
L’endométriose est une maladie gynécologique et multisystémique (car elle peut s’attaquer à différents systèmes: urinaires, digestif, pulmonaire,...) chronique et inflammatoire qui concerne 1 à 2 femmes sur 10, qui a un retard moyen de diagnostic de 7 à 12 années en Belgique et qui peut débuter dès les premières menstruations. Cette maladie étant hormono-dépendante, sans prise en charge dès les premiers symptômes, elle peut être évolutive et provoquer d’important.e.s douleurs et/ou troubles à court et/ou à long terme.
Pour bien comprendre l’endométriose, il faut d’abord comprendre le fonctionnement d'un corps humain disposant d'un utérus :
Tout au long du cycle menstruel (un cycle menstruel commence le premier jour des règles et se termine le premier jour des règles suivantes, il dure en moyenne 28 jours mais cela peut varier d’un corps à l’autre), l’endomètre (le tissu qui tapisse la paroi interne de l’utérus donc tu peux un peu voir ça comme un papier peint qui recouvre tout l'intérieur de ton utérus) s’épaissit au fur et à mesure du cycle afin d’accueillir un éventuel embryon (donc une potentielle grossesse). Si en fin de cycle, il n’y a pas eu de fécondation, alors, l’endomètre, qui est donc le nid où devrait s'implanter l'embryon n'est pas "utile" et se désagrège naturellement par le biais de saignements;
c’est ce qu’on appelle plus communément les règles. Ce processus recommence, en principe, chaque mois jusqu’à la ménopause.
Chez les femmes atteintes d’endométriose, des cellules semblables à l’endomètre migrent

En étant aspiré par les Trompes de Fallope et s’échappent ensuite via l’espace entre la fin des Trompes de Fallope et les ovaires car cet espace n’est pas tout-à-fait étanche et s’implantent ensuite en dehors de leur place habituelle qui est censé être l’utérus (donc ces cellules peuvent aller s'implanter sur le système reproducteur, l’appareil urinaire/digestif/pulmonaire,…) et on parle alors d’endométriose. Cependant, il existe une autre forme d’endométriose, appelée l’adénomyose. Dans ce cas précis, ces cellules peuvent s'infiltrer dans le myomètre (qui est le muscle utérin donc à l'intérieur de l'utérus) et on parle alors d’adénomyose, autrement dit, la cousine de l’endométriose.
Ces cellules semblables à celles de l’endomètre deviennent des lésions, des foyers ou encore des nodules d’endométriose et se situent le plus souvent dans le bas du ventre : sur le péritoine (qui est une membrane recouvrant les organes de l’abdomen), sur les ovaires, sur ou dans l’intestin ou la vessie, plus rarement, sur d’autres organes (diaphragme, plèvre, poumons) mais aussi sur le système nerveux (liste non-exhaustive).
Cette théorie est la plus acceptée scientifiquement mais, elle devient de plus en plus controversée avec les années et les découvertes.
En effet, cette théorie du reflux menstruel a été exposée pour la première fois par John A. Sampson dès 1921. Cette théorie permet d’expliquer la répartition asymétrique et aléatoire des lésions qui prédominent dans le compartiment postérieur du pelvis et majoritairement du côté gauche
mais
cette théorie n'explique manifestement pas de nombreux types d’endométriose, en particulier ceux qui sont localisés dans des sites extra-pelviens.
Note: tous les facteurs (ménarche précoce, cycles courts, hyperménorrhée, ménorragie, etc.) favorisant le reflux menstruel augmentent le risque d’endométriose.
Dès lors, il existe donc d’autres hypothèses/pistes qui expliqueraient l’endométriose:
Facteurs génétiques/héréditaires
il y a un risque 5x plus élevé de développer de l’endométriose pour les apparentées au premier degré (une mère à sa fille) par rapport à la population générale. De plus, il existe des variants génétiques qui jouent un rôle facilitateur ou inhibiteur au développement de l’endométriose.
Facteurs métaplasiques
L'endométriose pourrait survenir lorsqu'un tissu générique se transforme en un tissu spécialisé à un endroit différent de là où il devrait être. Les théories incluent :
la métaplasie coelomique, des facteurs hormonaux ou immunologiques, des vestiges du canal de Müller, une différenciation de cellules-souches.
La métastase
Théorie de la transplantation/ de l’induction: lors des menstruations, différents vaisseaux aspirent des cellules endométriales dans la circulation et provoquent l’essaimage dans tous l’organisme.
Piste auto-immunitaire
il y a des mises en évidence de nombreuses
anomalies du système immunitaire mais jamais d’anticorps spécifiques de l’endométriose.
Piste infectieuse
Très récente découverte: rôle pathogène d’une bactérie du genre Fusobacterium dans la formation de l’endométriose ovariernne (traitement par antibiotique) et corrélation entre déséquilibre dans le microbiome vaginal et apparition de l’endométriose.
Piste environnementale
Une hypothèse envisage le rôle d’une exposition à certains
produits toxiques ou polluants (surtout les perturbateurs endocriniens) et ce même déjà in utero (donc quand nous sommes encore dans l’utérus, en train de se développer).
Concernant le type de l'endométriose, il en existe 3:
Il est important de comprendre qu’il n’y a aucune corrélation entre le type et le stade d’endométriose et l’intensité de la douleur. On peut avoir une “toute petite” endométriose superficielle de stade 1 et avoir une qualité de vie extrêmement invalidante à cause des douleurs et/ou troubles que cela peut engendrer. Tout comme on peut avoir une “grosse” endométriose profonde et de stade 4 et n’avoir aucune douleur…
Cependant, pour mieux comprendre le degré d’atteinte (mais encore une fois, pas de douleur!) de notre endométriose,
il existe deux classements: le type et le stade d'endométriose.
Concernant le type d'endométriose, il existe 3 :
TW: en passant sur l'image de loupe, des images de chirurgies apparaissent.
01
Endométriose superficielle (péritonéale)
on parle d’endométriose superficielle lorsque les lésions restent en superficie, à la surface du péritoine (membrane qui recouvre les organes de la cavité abdominale) . Elles peuvent prendre la forme de kystes (de quelques millimètres à quelques centimètres) en surface des tissus.
02
Kystes ovariens (endométriomes)
l’endométriose est ovarienne lorsqu’il y a un (ou plusieurs) kyste(s) endométriosique(s) à l’ovaire. On parle alors d’endométriome(s), ou encore “kyste chocolat” car il s’agit de kyste composé de sang coagulé dont la couleur change avec le temps vers une couleur… brun chocolat.
03
Endométriose profonde
l’endométriose est profonde ou infiltrante lorsque les lésions s’étendent à plus de 5 millimètres de profondeur (><superficielle) dans les tissus et plus précisément lorsque les lésions touchent la musculeuse des organes abdomino-pelviens. Le tissu endométrial devient fibreux, de type nodule et peut infiltrer l’organe. L’endométriose profonde touche principalement : la vessie, les uretères, le tube digestif (rectum, côlon sigmoïde, appendice), les ligaments utéro-sacrés, le cul-de-sac vaginal postérieur (liste non-exhausitve).
Concernant le stade de l'endométriose, il en existe 4:
Cette classification des stades à été établie par l’American Fertility Society (AFS) en 1979 et révisé depuis 1985. On l’appelle le score AFS et il est établi en fonction de la taille et de la localisation de l’atteinte. C’est donc une classification purement descriptive et est surtout une indication chirurgicale et de pronostic de fertilité et n’est aucunement liée à l’intensité de la douleur.
01
Minimal
Le stade est défini comme minimal quand le score se situe entre 1 et 5.
02
Léger
Le stade est défini comme léger quand le score se situe entre 6 et 15.
03
Modéré
Le stade est défini comme modéré quand le score se situe entre 16 et 40.
04
Sévère
Le stade est défini comme sévère quand le score se situe au-delà de 40.
Mais alors...
Pourquoi est-ce que l'endométriose peut provoquer des douleurs ?
Les douleurs associées à l'endométriose peuvent être intenses et peuvent varier en fonction de nombreux facteurs physiologiques et anatomiques. Plusieurs mécanismes contribuent à cette symptomatologie complexe, allant de l'inflammation causée par les lésions d'endométriose, les spasmes musculaires, la localisation des lésions,... à la réponse hormonale continue des tissus affectés. N'oublie pas, chaque endométriose est différente, chaque douleur est différente et puis... 10% des femmes atteintes d'endométriose sont asymptomatiques et on ne sait pas pourquoi. Encore beaucoup de mystère à résoudre autour de l'endométriose.